Le Parisien : histoire d'un journal

 

OU LA SAGA D’UN QUOTIDIEN REGIONAL D’ANNONCES LÉGALES DEVENU JOURNAL NATIONAL ET PLUS ENCORE

L’aventure du journal Le Parisien commence le 22 août 1944 à Paris, alors qu’un vent de liberté -gaulliste, cela va sans dire- souffle sur la capitale ; la libération est proche. Trois résistants, membres du groupe OCM -Organisation civile et militaire, Émilien Amaury, M. Bloch-Mascar et Claude Bellanger, accompagnés de Robert Buron, Jean Helleu et Félix Garras, décident de fonder un journal sur la base d’une coopérative ouvrière. Celui-ci est baptisée Le Parisien Libéré. Claude Bellanger en est le directeur général.

LE PARISIEN LIBÉRÉ OU LA VICTOIRE DE PARIS

Ces messieurs bénéficient de biens conséquents pour le lancement de leur titre et notamment d’une structure non négligeable : celle du Petit Parisien, le plus grand journal populaire d’avant-guerre (un million d’exemplaires ont été distribués en 1939), confisqué à ses propriétaires pour avoir continué de paraître officiellement sous autorité allemande (sa création remontait à 1876 et il était l'un des principaux journaux populaires sous la IIIe République ; dès la libération, il se voit interdit de parution pour collaborationnisme… au profit du Parisien Libéré).

La première une du nouveau titre annonce ainsi : "La victoire de Paris est en marche". En effet, la capitale est définitivement libérée de l’occupant nazi trois jours plus tard et Le Parisien Libéré s’installe alors dans locaux du Petit Parisien. Du reste, Émilien Amaury rachètera le titre en 1960*.

Le ton du Parisien libéré est aussitôt donné : ce dernier se veut « populaire [et] de qualité », et sera orienté « gaulliste » jusqu'au milieu des années 1970, faisant la part belle aux sujets de la vie quotidienne et aux préoccupations courantes des Français.

En 1947, le journal acquiert le statut de société anonyme. On célèbre la naissance d’un prix littéraire, Le Grand Prix Vérité, qui récompense un récit vécu ou un reportage. Entre autres romans récompensés, J'ai quinze ans et je ne veux pas mourir de Christine Arnothy sera unanimement salué par la critique nationale et internationale.

La même année, Le Parisien Libéré et le journal sportif L’Équipe sont autorisés par l'État français à organiser le Tour de France, suspendu depuis 1939.

*Malgré l'acquittement de Pierre Dupuy, patron du journal en 1951, la réputation du Petit Parisien, salie sous l'Occupation, l’empêchera de retrouver sa place dans le cœur des lecteurs.

LES ANNÉES 60 : L’ÉQUIPE ET UN FORMAT INÉDIT

En 1964, Émilien Amaury fait l’acquisition du journal sportif L’Équipe (le groupe Amaury devient alors l’unique propriétaire du Tour de France) et développe des éditions départementales du Parisien Libéré dans la Somme et en Seine-Maritime. Ces deux éditions finiront par disparaitre. Aujourd’hui on trouve en kiosque les 10 éditions départementales suivantes* : Paris, EssoneOiseSeine-Saint-Denis, Seine-et-Marne NordSeine-et-Marne Sud, Val d’OiseVal-de-Marne, Yvelines, et Hauts-de-Seine.

En 1966, année où la maison d’édition Del Duca lance son premier tabloïd, Émilien Amaury, soucieux d’être en phase avec son époque de progrès, réplique aussitôt en proposant aux lecteurs parisiens un Parisien Libéré en petit format (distribué dans un premier temps à Paris ; les éditions de province conservent quant à elles leur format initial).

*Le journal est habilité à faire paraître des annonces légales dans chacun de ces

départements

LES ANNÉES 70 : MODERNISME ET CRISE SOCIAL

LA CRISE « SYNDICAT DU LIVRE CGT »

En 1974, le journal décide de moderniser ses procédés d’impression ; une décision lourde de conséquence pour sa prospérité, à court comme à moyen terme, puisqu’elle sera le déclencheur d’un conflit social violent opposant le titre aux ouvriers du livre de la SGLCE-CGT (Syndicat général du livre et de la communication écrite CGT). Conflit qui durera trois ans (il demeure aujourd'hui encore le plus long conflit social de l’histoire de la presse) et conduira à la cessation de la publication pendant trois mois ainsi qu’au déménagement provisoire du quotidien, de la rue d’Enghien à Saint-Ouen (ville où travaillera la rédaction pendant de nombreuses années). Cette crise s’avère dramatique pour le quotidien, qui perd au passage, la moitié de son lectorat et devra redoubler d’efforts pour le reconquérir.

D’ENGHIEN À SAINT-OUEN

Le Parisien Libéré poursuit néanmoins sa politique stratégique de régionalisation en Île-de-France, en lançant ses éditions à partir de juin 1975 dans ses deux nouvelles imprimeries offset de Chartres, puis à Saint-Ouen où la rédaction va définitivement s'installer.

La répétition de conflits syndicaux entre 1975 et 1977 (dont la conséquence directe est une baisse des ventes : 682 000 exemplaires en 1975 contre seulement 303 000 en 1977) empêcheront longtemps le titre de retrouver son lectorat d’antan.

LE DÉCÈS D’ÉMILIEN AMAURY

Émilien Amaury dirige le journal jusqu'à sa mort accidentelle en 1977. Si sa dramatique et fatale chute de cheval accélère le règlement de l’important conflit qui l’opposait à la CGT, il ouvre malheureusement la voie à une bataille de succession entre les enfants ayant droit, héritiers du groupe Amaury, qui durera 6 ans.

LES ANNÉES 80 : LE PARISIEN LIBÉRÉ DE SON PARTICIPE PASSÉ

LE PARISIEN LIBÉRÉ DEVIENT LE PARISIEN

En 1983, Francine Amaury prend la main sur les magazines Marie-France et Point de Vue. Son frère Philippe succède à leur père à la tête du journal. Il décide, comme le fit jadis Émilien, de moderniser le titre et de repenser sa ligne éditoriale.

25 janvier 1986 : le quotidien est rebaptisé Le Parisien et voit son format remanié : la couleur fait son apparition dans une partie du journal, une place considérable est accordée aux illustrations et aux photographies.

Philippe Amaury s’entoure également de journalistes de renom, parmi lesquels Michèle Cotta et Albert Du Roy. Il s’inspire des techniques de marketing en vogue et fait évoluer le journal en développant les pages départementales et locales dans toutes les éditions existantes : une brise novatrice souffle à nouveau sur Le Parisien : les articles se veulent à la fois compréhensibles de tous et pertinents, afin de ne pas lasser le lecteur. Les photographies, quant à elles, occupent environ un tiers de chaque page.

Enfin, dans le but de se défaire progressivement de son image gaulliste et de marquer sa différence avec les autres journaux d'opinion, l’éditorial est supprimé : Le Parisien dit ne plus vouloir défendre ses idées, mais celles de ses lecteurs. Le quotidien et les préoccupations courantes du lectorat sont donc couplés aux faits divers pour prendre l'avantage sur les pages internationales et constituer la nouvelle ligne éditoriale du titre.

Cerise sur le gâteau des lecteurs : le prix de vente est bloqué pendant huit ans pour s’aligner sur celui du marché de la presse quotidienne régionale, alors que celui des titres à diffusion nationale est en constante augmentation.

LES ANNÉES 90 : LE PARISIEN AUJOURD'HUI EN FRANCE

NAISSANCE DE AUJOURD’HUI, L’ÉDITION NATIONALE DU PARISIEN

1994 est une année importante pour le titre : celle du lancement de l’édition nationale du Parisien, Aujourd’hui. Celle-ci contient non seulement les informations nationales du Parisien, mais également d’autres éléments spécifiques : la une et la dernière page, une rubrique jeux et sports et les pages « En France » qui reflètent l’actualité de la province.

Aujourd’hui devient Aujourd’hui en France en 1997. Année durant laquelle Le Parisien se vend, en moyenne, à 360 000 exemplaires par jour. Fort de son succès, il paraitra également le dimanche à partir de 1999 (ce sera aussi le cas pour Aujourd’hui en France à partir de 2004).

En septembre 1999, une nouvelle formule est lancée : les photos et les infographies sont toujours plus présentes, la typographie est revisitée, les titres sont plus courts et percutants, la couleur gagne du terrain dans les pages intérieures et offre de nouvelles perspectives publicitaires.

En 2002, l'objectif du nouveau directeur général, Jacques Guérin, est le redressement des ventes : parvenir à 400 000 exemplaires pour Le Parisien en Île-de-France et à 200 000 pour l'édition nationale Aujourd’hui en France.

En 2004, Philippe Amaury, reprend seul les rênes en ajoutant la "conduite opérationnelle du groupe" à son statut d'actionnaire et PDG.

LES ANNÉES 2000 ET LA PARISIENNE

Mai 2006 : mort de Philippe Amaury. Marie-Odile Amaury, son épouse, lui succède à la présidence du groupe.

À partir de 2008, Jean Hornain, directeur général, sort un supplément mensuel intitulé : « La Parisienne ».

En novembre 2009, un plan social prévoyant le départ volontaire de vingt-cinq journalistes de l'édition nationale et de dix postes administratifs est annoncé. Il sera repoussé, deux jours de grève plus tard, sans qu’aucune date ne soit annoncée. La société de journalistes du quotidien, inactive depuis 12 ans, reprend du service.

LES ANNÉES 2010, LE PARISIEN HAUT EN COULEURS

UN PARISIEN TOUT EN COULEURS

En janvier 2010, Jean Hornain inaugure une nouvelle formule, cette fois tout en couleurs. Le prix de vente du Parisien est fixé à 1 € (0,5 centimes d’augmentation) et Aujourd’hui en France voit son prix maintenu à 0,90 €. Le quotidien est désormais divisé en trois séquences : « L'actu », « Le sport », et « L'air du temps ». Avec toujours la même volonté de conserver à la fois qualité, rigueur et caractère populaire du titre : « Le Parisien-Aujourd'hui en France est un grand quotidien populaire et généraliste de qualité. Il a un caractère à la fois national et régional, qui fait sa force et sa particularité. Sa ligne éditoriale est faite de neutralité politique et de proximité avec son lectorat. À cet égard, il ne doit pas servir les intérêts d'un homme, d'un parti politique, d'un clan ou d'une entreprise. » dixit la Société des journalistes du quotidien Le Parisien, en octobre 2010.

Le prix de vente du Parisien passe à 1,05 € en janvier 2012.

NAISSANCE DU COMPLÉMENT « LE PARISIEN MAGAZINE »

En septembre 2012, Jean Hornain, toujours à l’affût d’un concept novateur, lance un complément baptisé Le Parisien Magazine et diffusé chaque vendredi avec Le Parisien et Aujourd'hui en France, pour 1 € supplémentaire. Il se veut le « prolongement éditorial naturel » du quotidien en respectant « les mêmes valeurs de rigueur, d'équilibre et d'objectivité ». Il entend par ailleurs proposer « un traitement plus approfondi de l'information avec une large place accordée aux sujets culturels et au divertissement », avec une part plus belle encore laissée à l’image.

En septembre 2013, Marie-Odile Amaury confie l’entreprise à Jean Hornain.

Le 3 octobre 2015, l'imprimerie de Saint-Ouen ferme ses portes : l’impression des éditions franciliennes est confiée à un prestataire de Mitry-Mory.

LVMH RACHÈTE LE PARISIEN-AUJOURD’HUI EN FRANCE

En octobre 2015, le groupe LVMH - Moët Hennessy Louis Vuitton, leader mondial du luxe, rachète Le Parisien-Aujourd'hui en France pour un montant dont on sait aujourd’hui qu’il était légèrement supérieur à 50 millions d’euros. Le Parisien était le dernier quotidien national appartenant à un éditeur traditionnel et non à un industriel.

Mars 2016 : Jean Hornain, directeur général du Parisien-Aujourd’hui en France depuis 11 ans, annonce son départ sur Twitter. La même année, une nouvelle formule est lancée privilégiant notamment « la proximité et les services ».

Septembre 2017 : déménagement des rédactions nationales du Parisien et du Parisien Magazine dans un nouveau siège à Bir-Hakeim, dans le XVe arrondissement : Le Parisien vit désormais à Paris !

Avril 2018 : apparition du Parisien Dimanche. Une formule enrichie de longs récits et de tribunes.

Janvier 2019 : 83 millions d'euros sont investis dans Le Parisien par le groupe LVMH pour lui permettre d'investir.

 

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