Coronavirus, impact économique à court et moyen terme (le scénario catastrophe)

 

Impossible pour quiconque s'intéresse de près ou de loin au monde des affaires, à l'économie ou simplement à sa propre condition de consommateur, de ne pas s'inquiéter des retombées financières potentiellement catastrophiques du Coronavirus sur le commerce international (au-delà, bien sûr, de l'aspect sanitaire dramatique que revêt la crise actuelle). Retour rapide sur l'impact économique effectif du Coronavirus et ses conséquences prévisionnlelles à moyen terme.

L’APPARITION DU CORONAVIRUS À WUHAN

Scénario catastrophe. Une maladie, jusque-là inconnu des services de santé Chinois, fait son apparition en décembre 2019 dans la métropole industrielle de Wuhan. Les premiers diagnostiques font état d’une pneumonie virale, assimilée dès le 9 janvier à un nouveau type de coronavirus. Une première personne décède le 11 janvier 2020.

Deux mois plus tard, la maladie a gagné une majeure partie du globe et infecté plus de 115000 personnes. 4000 d’entre elles ont perdu la vie. La ville de Wuhan est mise en quarantaine par le gouvernement chinois, qui a sommé les usines locales de garder leurs portes fermées après les vacances du nouvel an chinois (le 25 janvier 2020).

PREMIER IMPACT ÉCONOMIQUE DE L’ÉPIDÉMIE

Les industries du tourisme et du transport sont les premiers impactés, alors que plusieurs pays décident de « filtrer » les individus en provenance de Chine. Les bourses de Wall Street, de Shangaï et toutes les autres places financières ne tardent pas à subir les premières conséquences de l’épidémie : le cours des matières premières nécessaires à l’activité industrielle périclite. De mi-janvier à début février, le prix du baril de pétrole chute de 20%.

Surprise, pour la plupart des hommes d’affaires et des consommateurs, un peu partout dans le monde : un battement d’aile de papillon dans un centre logistique chinois peut provoquer une tornade économique mondiale. Et pour cause : Wuhan se veut le nerf industriel de nombreuses multinationales… Par-delà les frontières asiatiques, en Europe, en Russie ou aux États-Unis, s’approvisionner en pièces et composants -habituellement produits par des partenaires chinois basés à Wuhan- devient problématique.

LE COVID-19, UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT

Mais en premier lieu, la tornade Coronavirus est malheureusement sanitaire, avant d’être économique. Nombre d’usines étrangères basées en Asie sont contraintes de fermer leurs portes pour d’évidentes raisons de précautions de santé, à vrai dire pour une question de vie ou de mort. Le “choc d’offre” est considérable : le virus contraint les acteurs économiques internationaux à réduire leur production, et donc leur offre. La Chine, les Etats-Unis et l’Europe, dont l’économie souffre déjà de tensions politiques, considèrent avec inquiétude ce nouveau facteur de ralentissement dont la croissance (qui elle, semble rapide) est relativement imprévisible.

Le Covid-19 ("Co" pour "corona", "vi" pour "virus" et "D" pour " disease", « maladie » en anglais, 19 désignant l’année d’apparition du virus) est quasi unanimement reconnu -quasi, car le Président américain Donald Trump ne manque pas de tourner la crise en dérision- comme une urgence sanitaire mondiale mettant en péril une hypothétique reprise économique. De lourdes conséquences pèsent sur les résultats commerciaux de nombreuses multinationales directement concernées.

QUARANTAINE ET RÉCESSION

En Europe comme aux États-Unis, les places financières s’affolent : les indices ont diminué de plus de 12%. Une chute historique, comparable à la récession de 2008. « Récession ». Le mot, tant redouté par les producteurs et les consommateurs, est maintenant employé. Des mesures -surprenantes, pour certaines- sont mises en place : début mars, la banque centrale américaine baisse ses taux directeurs. La Chine fait « marcher la planche à billets », l’Europe soutient vaille que vaille ses entreprises.

Si d’autres pays suivent l’exemple de mise en quarantaine de l’Italie, un nouveau choc, “de demande” celui-là, inquiète (chute de la consommation et des investissements). Le déroulement classique est le suivant : d’abord, les gens dévalisent les supermarchés pour stocker un maximum de denrées non-périssables. Puis les compagnies aériennes épurent les liaisons les plus exposées, augmentant crescendo le nombre d’appareils cloués au sol. La consommation se limite ensuite au minimum vital.

DES PRÉVISIONS ÉCONOMIQUES PEU RÉJOUISSANTES

Grosso modo, le commerce international en prend un sacré coup. Et si le coronavirus pourrait coûter 100 milliards de dollars au transport aérien, une étude de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement estime que la croissance mondiale passera sous la barre des 2,5%. Ce qu’on appelle aujourd’hui une pandémie pourrait provoquer un manque à gagner pour l'économie mondiale de 2000 milliards de dollars en 2020.

Du côté de l’or noir, l’OPEP et la Russie n’ont pas réussi à s’entendre sur une baisse de leur production pour stabiliser les cours. Au contraire, l’Arabie Saoudite lance une guerre des prix. Les cours avoisinent les 30 dollars, après une diminution jamais atteinte depuis la Guerre du Golfe. La bourse s’est effondrée : Paris et le CAC40 ont perdu 10%. Des milliards d’euros partis en fumée. Les banques et les grands fonds d’investissement vont souffrir, c’est certain, d’importants dommages collatéraux dans les semaines à venir.


Sur le même thème